La reine d’un pays lointain ou imaginaire, lassée des turpitudes de ce monde décide d’organiser des Jeux Olympiques afin qu’une trêve soit décrétée. Et oui, on a tendance à l’oublier mais, au commencement, les Jeux Olympiques avaient cette particularité que, pendant leur déroulement, les guerres s’arrêtent afin de préserver les athlètes. Devenue un symbole de paix entre les peuples, la trêve Olympique est ce qui donne toute sa valeur aux jeux. Cette reine donc, décide d’organiser des Jeux Olympiques afin de lutter contre un monde en pleine déliquescence. Toute personne y est bienvenue et par conséquent qui d’autre que les spectateurs présents dans la salle pourront le mieux incarner les participants ? Une dizaine de spectateurs est donc sélectionnée via un quizz et va ainsi affronter diverses épreuves. Mais que cache en réalité l’organisation de ces jeux ? Quelles sont les véritables intentions de la reine ?
Passées les vingt premières minutes du spectacle, celui-ci se structure davantage dans la narration et devient moins confus. Les intentions se précisent et très vite, on entre dans un délire absurde et comique auquel les comédiens se livrent avec joie. On retrouve Clémentine Bernard, parfaite en reine déjantée et grotesque mais toujours classe, Erwan Daouphars, grand athlète du jeu, en bouffon multiple et diabolique et Emilie Baba, bluffante dans le rôle d’une spectatrice effarouchée de se retrouver sur scène, mais qui décide de prendre le pouvoir. Les spectateurs sont invités à se joindre aux comédiens pour participer aux épreuves de ces jeux. Il en ressort une séquence filmée dans les coulisses et couloirs du théâtre hilarante. Des références à des auteurs dramatiques fusent via un petit robot aux allures de D2R2.
La frontière entre théâtre et réalité se désagrège petit à petit : où se trouve réellement le spectacle ? Les jeux ou le théâtre ne sont-ils pas faits de la même étoffe ? Celle du ludisme ? On joue au théâtre comme on fait les jeux olympiques. Cette dimension ludique apparait alors comme beaucoup moins anodine. En effet, n’a-t-elle pas un enjeu bien plus grand, notamment politique, qui est de faire se rencontrer des mondes différents en un même lieu, à un même moment afin de créer de la pensée, une alternative, une résistance à un monde en proie à l’effondrement? En cassant le 4ème mur et en faisant entrer les spectateurs sur le plateau, Raoul Raïs, tout en maniant les mythes contemporains, brouille les frontières entre fiction et réalité pour nous amener à cette réflexion et nous mettre en garde contre la représentation, l’image et par conséquent contre toute forme de dérives dont… le populisme. Un spectacle surprenant et joyeux qui dévoile un véritable fond. A voir!
Du pain et des jeux
Du 23 avril au 4 mai 2024
Du lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h
Durée: 1h30
Tournée prévue. Infos ici:
https://www.facebook.com/ciesortie23/
Texte et mise en scène : Raoul raïs
Avec Clémentine Bernard, Boris Carré, Emilie Baba, Erwan Daouphars
Scénographie : Vincent Lefèvre
Création vidéo: Boris Carré
Costumes: Patrick Cavalié
Lumière: Vincent Lefèvre, Julien Crépin
Chorégraphie de combat : François Rostain
Théâtre 13-Seine
30, rue du Chevaleret
75013 Paris