Janvier 2013, le triple assassinat de la rue Lafayette : 3 kurdes, 3 femmes assassinées pour leurs convictions, pour leur combat. Dans un appartement parisien : 2 femmes, Florence Huige, comédienne et metteure en scène et son amie Samia regardent ce drame à la télévision. Parmi les victimes, une femme aux cheveux orange vif, elles la reconnaissent : c’est Sakine Cansiz, membre fondatrice du PKK (parti des travailleurs du Kurdistan), de son nom de combattante Sara. Elles l’ont rencontrée 14 mois plus tôt au coin d’une rue, esseulée, fatiguée, intriguée avec sa valise et son sac en plastique remplis de ce qu’il reste de sa vie. Elle leur parle du danger qu’elle court, de ce monde qui vacille, les met en garde… Cette rencontre inhabituelle aurait pu rester dans l’oubli s’il n’y avait pas eu ce terrible assassinat. Alors Florence Huige va enquêter, s’interroger et interroger les autres… Qui est réellement cette femme, quel est ce peuple kurde ? Quelle peut être son histoire ? Quel lien entre cette femme à la rue et cette femme retrouvée morte dans un salon ? Ces questionnements et le fantôme de Sara qui la hantent désormais vont emmener Florence Huige jusque sur un plateau de Théâtre pour partager comme une nécessité absolue la fabuleuse et tragique histoire de cette légende à la rue et tenter de lui « redonner son identité »…
Olivier Saccomano et Nathalie Garraud, co-directeurs du Théâtre des 13 vents à Montpellier, ont décidé de s’intéresser à une figure féminine emblématique au fil des siècles depuis son apparition dans la pièce de Shakespeare Hamlet : Ophélie. Jeune fille au destin tragique, victime d’un système de domination imposé par les hommes, Ophélie est devenue sinon un emblème, le symbole d’une parole étouffée, d’un corps réifié, qui ne cesse de chercher un chemin de liberté.
STARMANIA 2022 c’est tout simplement l’évènement le plus attendu de cette année. Le défi est énorme : faire renaitre de ses cendres l’opéra-rock franco-québécois créé en 1979 qui a marqué des générations, qui a vu éclore des artistes et des voix exceptionnels, de Fabienne Thibeault à Daniel Balavoine, de France Gall à Diane Dufresne… Starmania ce sont des chansons mythiques qui ont traversées le siècle reprises par Céline Dion (La chanson des Ziggy), Maurane (Les uns contre les autres), Cindy Lauper (Le monde est stone version anglaise), Peter Kingsbery (en anglais) ou encore Grégory Lemarchal (S.O.S d’un terrien en détresse). Starmania c’est le premier opéra-rock entièrement écrit en français par le québécois Luc Plamondon et qui ne soit pas adapté d’une comédie musicale anglophone. Une oeuvre magistrale composée par l’incontournable Michel Berger. Starmania c’est cet incroyable univers qui mêle des histoires intimes à l’histoire d’une ville-état, Monopolis, avec ses puissants et ses rebelles, ses stars et ses strass… Starmania c’est une vision du futur, qui s’est avérée tellement juste. Bref reprendre Starmania c’est reprendre un monument, un mythe, une légende…
En 1999 sortait Ressources Humaines, un film de Laurent Cantet qui s’intéressait de très près au monde ouvrier et à son éternelle confrontation au monde hiérarchique du patronat. La metteuse en scène Élise Noiraud, touchée par ce film lorsqu’elle était lycéenne, a eu la bonne idée d’en faire une pièce de théâtre en s’en inspirant librement. Il s’agit de sa deuxième adaptation puisqu’elle avait déjà mis en scène Les fils de la terre (Prix Théâtre 13-jeunes metteurs en scène 2015) d’après un documentaire sur le monde agricole du même nom. Ressources Humaines c’est l’histoire d’un fils d’ouvrier qui décroche un stage en entreprise dans la région de son enfance. Il retrouve sa famille, ses amis et tente de faire ses preuves auprès de la direction de l’usine. Seulement voilà, son père y travaille aussi comme simple ouvrier et tandis que son fils semble gravir les échelons à grandes enjambées en se faisant brillamment remarqué ; lui va devenir la victime d’un terrible plan social dont le fils sera l’artisan malgré lui. Deux mondes s’affrontent alors et le fils se retrouve prisonnier, coincé dans un mécanisme infernal, une machine à broyer qui vont le pousser à faire un choix. Mais lequel ?
Si La Fontaine avait vécu à notre époque, il aurait peut-être écrit une fable s’intitulant : « Le Farré et le piano » tant l’acteur-auteur Jean-Paul Farré affectionne particulièrement cet instrument qui l’accompagne tout le long de sa carrière et en particulier dans ses « spectacles en solitaire » : Trois Pianos et un cactus, Les Contes pour Pianos ou encore Les Douze Pianos d’Hercule qui reçut le Molière du Théâtre musical en 2010. Avec Dessine-moi un piano, on pourrait se dire qu’il s’agit de l’histoire d’un accordeur, d’un préparateur de piano qui prépare la bête avant l’entrée du maestro mais on pourrait aussi se dire que c’est l’histoire d’un acteur qui cherche comment composer son spectacle avec un début qui happe le spectateur, un milieu qui ne mérite pas qu’on s’y attarde et une fin soignée pour provoquer les applaudissements. On peut se dire tout ça et y chercher un sens mais la vraie magie d’un spectacle de Jean-Paul Farré c’est d’abord d’ouvrir très grand les portes d’un imaginaire qui lui est propre, sans limites, inattendu et qui va vous envelopper de sa douce folie ! Continuer la lecture de DESSINE-MOI UN PIANO→
Aller voir un spectacle au Théâtre équestre Zingaro à Fort d’Aubervilliers c’est accomplir une sorte de rituel. Le lieu est magique, habité, enveloppant par sa structure de bois, ses roulottes et ses écuries. Dans le chapiteau d’accueil, les décors colorés et les costumes semblent saluer le spectateur et l’inviter à la détente… Cette fois-ci ce sera un ragoût de viande accompagné d’une bière ! Le ton est donné et le cabaret de l’exil poursuit sa route en plongeant en cet automne dans les racines du folklore des nomades irlandais. Les Irish Travellers contrairement aux tsiganes (Zingaro signifie tzigane) sont des exilés dans leur propre pays. Ils ont issus d’une séparation qui remontrait au XVIIème siècle avec leurs compatriotes sédentaires. Il ne sont officiellement reconnus que depuis 2017 et semblent restés malgré tout les grands oubliés de l’histoire irlandaise. Fort heureusement, Bartabas, son théâtre et ses cavaliers ont décidé à leur manière de les mettre en lumière. Lorsqu’un prêtre en haut des marches accueille le public pour une invitation au voyage dans le pays du trèfle à trois feuilles et de la Saint-Patrick, nous ne savons pas encore vraiment à quoi nous attendre. Dans les gradins de ce superbe chapiteau de bois illuminé aux bougies, quelques tables rondes proposent une collation légère probablement un whisky irlandais au miel et à la cannelle… Des dindes et leur dindon au centre de la piste servent d’amuse-bouches avant que le noir ne se fasse… Continuer la lecture de CABARET DE L’EXIL / IRISH TRAVELLERS →
Alors qu’elle revient de la boulangerie, la fille de Christophe, 10 ans, trouve punaisé sur la porte de chez elle, un mot qu’elle donne aussitôt à son père: « Guerre et Paix : contrepèterie douteuse ». Christophe est gay et…papa. Visiblement ce mot est une forme de menace mettant en doute sa légitimité à être père. C’est alors l’escalade : succèdent au mot punaisé sur la porte, le dépôt d’excréments sur le paillasson puis, l’envoi de photos prises dans l’appartement mettant en scène des scénarii à tendance pornographique plus que douteux. Qui fait cela ? Qui en veut à Christophe, en veut à sa fille ? Est-elle en danger ? Tout en menant l’enquête, Christophe nous dévoile son parcours de vie, d’homme, d’homme aimant les hommes et son désir de paternité.
Darius a 19 ans. Il est immobilisé. Lui, qui avait l’habitude de parcourir le monde, de partir loin, ailleurs, se retrouve seul avec sa mère. Comment alors lui redonner le goût des voyages, des lieux qu’il ne peut plus visiter, comment lui redonner simplement le goût de la vie ? Claire, sa mère, a une idée de génie : contacter l’un des plus grands créateurs de parfum pour faire revivre des odeurs qui ont marqué l’existence du jeune homme. Voilà le point de départ très original de la pièce Darius éditée en 2016 et écrite par Jean-Benoît Patricot et qui par l’intermédiaire de la correspondance, va se faire dialoguer sans jamais réellement se rencontrer, deux résiliences : celle de ce parfumeur Paul qui vient de perdre sa femme et celle de Claire qui craint de perdre son fils…Dans cette version à l’Essaîon, le metteur en scène André Nerman choisit de placer côte à côte les protagonistes face public, chacun avec son bureau, sa table, son univers et nous fait passer de l’un à l’autre par le truchement des lumières. Continuer la lecture de DARIUS / REPRISE→
Cahier d’un retour au pays natal est tout simplement l’un des plus grands chefs-d’oeuvre de l’écrivain et poète Aimé Césaire. Il fait paraître la première version en 1939 à l’âge de 26 ans sur son île natale, la Martinique. 4 ans auparavant, il devient aux côtés de ses amis Léopold Sédar Senghor ou encore Léon-Gontran Damas, l’un des « inventeurs » de la Négritude. Il continuera à nourrir ce magnifique poème durant presque une décennie, dans un contexte où les empires coloniaux comme la France domine le monde et où la notion d’inégalité des races va produire entre autres les puanteurs du IIIème Reich et montrer le visage d’une Amérique raciste et ségrégationniste à l’encontre de la communauté noire… Cahier d’un retour au pays natal devient alors une arme pacifique et nécessaire pour tenter de redonner de la dignité aux peuples noirs, prendre la défense des laissés pour compte, des bannis de la société, des mis aux bancs de l’existence ; leur donner l’espoir de se tenir debout et de marcher la tête haute vers un destin plus clément. Au delà de l’homme noir, c’est de l’humain dont il est question, Aimé Césaire part de ce qu’il connait le mieux, de ses racines, de son histoire pour tendre vers un humanisme universel. Son poème est d’une langue si belle, si poignante, si profonde qu’il faut une incarnation à la hauteur pour nous le faire vivre sur un plateau… Continuer la lecture de CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL / REPRISE→
C’est l’histoire de Moïse, un petit enfant comorien, qui, avec sa mère, traverse l’océan dans une embarcation de fortune, pour venir chercher une vie meilleure à Mayotte. Mais Moïse a un œil marron et un œil vert, celui du Djinn. Moïse porte la marque du mauvais œil. Il faut le protégé. Alors, sitôt débarqué sa mère le confie à Marie, une jeune infirmière qui accepte de l’élever, elle qui ne peut avoir d’enfant. Lorsque Moïse a quinze ans, Marie meurt subitement d’une rupture d’anévrisme, laissant l’ adolescent livré à lui-même, sans ressources. Mayotte, s’il est un territoire français, est un des plus pauvres et des plus insécurisé qui soit. On y trouve Gaza, un bidonville où errent à ce jour trois milles mineurs isolés. C’est là que Moïse trouve refuge et qu’il rencontre Bruce, un sale type qui se proclame le roi de Gaza et y fait régner sa loi…