« La belle et le diabète » 

Léa est une petite fille comme les autres qui découvre un beau jour qu’elle est atteinte d’une vilaine maladie dont on ne guérit jamais : le diabète. A partir de ce jour, sa vie change complètement : l’insuline devient sa meilleure copine et le sucre son pire ennemi. Léa va devoir alors se prendre en charge et faire face à des situations en se montrant parfois plus adulte que les grandes personnes elles-mêmes. Servi par trois comédiens formidables, le spectacle oscille entre un didactisme bienvenu et le conte initiatique. Un petit bonheur.

     Vous ne le savez peut-être pas mais vous avez déjà croisé des super héros !! Si, si !! La preuve : quand on a neuf ans et qu’on est diabétique, on doit se battre tous les jours pour vivre sa vie de la façon la plus normale possible. Il faut se plier à un traitement des plus contraignants : piqûre avant chaque repas pour connaître son taux de sucre dans le sang, interdiction de manger des bonbons, l’école qui ne veut plus vous accueillir par peur que vous fassiez des malaises, les mamans de vos copines qui préfèrent ne pas vous recevoir à l’anniversaire de leur fille par crainte que vous vous gaviez de confiseries, sans compter la grande tante qui prend un malin plaisir à vous fiche la trouille avec tous ses « fais pas ci, fais pas ça ! le diabète, ca fait devenir aveugle et on peut être amputé du pied ou se suicider ! » Vous comprenez bien alors que, oui, quand on a neuf ans et qu’on est atteinte du diabète, on est une super héroïne.

C’est un spectacle qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Le texte accessible et ludique est mis en valeur par une mise en scène sobre. Un grand voile prend l’espace scénique et figure tous les fantasmes de l’enfant allant de la maladie-ogresse – « la sale bête »- à la cabane-refuge, en passant par ces fameuses petites îles -les îlots de Langherans- qui ont disparues du corps de l’enfant, lequel ne peut plus produire l’insuline nécessaire à la régulation du taux de sucre dans le sang. C’est astucieux car cela laisse la part belle à l’imagination et nous renvoie à l’enfant que nous avons été. On est donc pris de forte sympathie pour la petite Léa, incarnée par Rebecca Stella dont la présence magnétique illumine le plateau. Les deux autres comédiens, qui jouent tous les autres personnages, amènent ce qu’il faut d’humanité pour tordre le cou aux préjugés et faire en sorte que ce sujet touche un public large, pas forcément concerné par le problème. Et c’est là que réside le tour de force de cette pièce : nous emmener plus loin que le propos initial et transformer le quotidien difficile de cette gamine en une bulle (pétillante) de poésie comme seuls les enfants savent le faire. Une délicieuse friandise.

LES ILES DÉSERTES
De Avela Guilloux et Rebecca Stella
Mise en scène : Avela Guilloux et Caroline Stella
Avec Avela Guilloux, Jean Vocat et Rebecca Stella.
Du 11 au 29 mai 2016
à 19 heures du mardi au samedi et dimanche à 15h30

THEATRE DU LUCERNAIRE
53 rue Notre dame des Champs
75006 Paris
Réservation : 01 45 44 57 34
http://www.lucernaire.fr

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